Correspondência de Napoleão

 

 

 

1805, Fevereiro, 23, La Malmaison

n.º 8350

 

Au général Junot

La Malmaison, 4 ventôse an XIII

Monsieur le Général Junot, mon Aide de camp, Colonel général de mes hussards et mon Ambassadeur en Portugal, vous vous rendrez en toute diligence à Madrid. Vous remettrez les lettres ci-jointes au roi d'Espagne et au prince de la Paix.

Vous direz au roi que je compte sur toute l'énergie de l'Espagne pour m'aider à rétablir enfin l'équilibre des mers; que je connais trop son caractère élevé pour douter des efforts qu'il fera pour venger l'honneur espagnol si violemment outragé. Vous parlerez dans le même sens à la reine, et vous lui direz de plus que je vous ai spécialement chargé de lui faire connaître que je compte sur elle pour presser l'exécution des mesures à prendre pour que les flottes espagnoles soient équipées et qu'on ne manque point d'argent, car c'est le seul moyen d'avoir des matelots et d'approvisionner les arsenaux; que j'ai les yeux sur la conduite de l'Espagne, comme toute l'Europe a les yeux sur elle, pour savoir ce qu'elle fera dans un moment si décisif pour l'honneur et la dignité de sa couronne. Vous direz à la reine ces propres mots :

La dernière fois que j'ai vu l'Empereur, il m'a dit : « Dites à la reine que j'apprends que la flotte de Cadix manque d'argent, et, faute de ce nerf, tout rentre ici dans les ports.

C'est à elle à donner l'exemple, à faire des sacrifices, et à exiger qu'on en fasse, pour sauver le pavillon et l'honneur castillans.

Vous vous exprimerez ainsi avec les grands et les chefs du clergé.

Vous verrez plusieurs fois le prince de la Paix; vous lui direz que j'ai confiance en lui; que j'ai vu avec plaisir qu'il a montré de l'énergie; que je crois qu'il a de la bonne volonté; que je suis revenu de tous les préjugés qu'on avait voulu me donner contre lui, et que je vois qu'il a plus d'énergie que le reste de la cour et des grands; que je le soutiendrai et le seconderai de toute mon autorité; que j'attends de lui une seule chose, que les flottes espagnoles soient prêtes pour les grandes expéditions que je médite; mais que, pour cela, il faut de l'argent; que ce n'est qu'avec de l'argent qu'il aura des matelots et des armements; que je vois avec peine qu'il n'y en a pas au Ferrol et à Cadix; que j'ai moi-même, deux fois par semaine, des rapports de mes agents de ces deux ports; que je vois que tout languit encore, et que, lorsque vous êtes parti, au ler ventôse, je venais de recevoir l'avis de l'emprunt de fonds qu'on faisait aux négociants de Cadix; que l'Espagne a des ressources immenses; que ce n'est qu'en couvrant d'or Cadix, le Ferrol et Carthagène, qu'on chassera la peste et la famine et qu'on surmontera tous les obstacles.

MM. les ministres des relations extérieures et de la marine vous remettront une copie du traité passé entre M. de Gravina et ce dernier.

Vous direz au prince de la Paix que je crains, d'après les renseignements que j'ai reçus, que l'Espagne ne soit pas prête; mais que j'exige de lui qu'il prenne des mesures efficaces pour qu'il y ait, du 20 au 30 mars, 6 vaisseaux de ligne et 2 ou 3 frégates à Cadix, sous les ordres de l'amiral Gravina, et 6 vaisseaux et 2 ou 3 frégates au Ferrol, sous les ordres d'un amiral sûr; que ces escadres soient approvisionnées pour sept mois et aient leurs équipages complets, plus 150 soldats à bord de chaque vaisseau, c'est-à-dire un millier d'hommes sur chaque escadre, tous d'infanterie, c'est-à-dire de troupes de débarquement; que des escadres françaises se présenteront devant ces ports et les débloqueront, et qu'au moment où l'Aigle joindra l'escadre française, l'amiral Gravina, sans perdre une heure, s'y joigne aussi de même, et qu'au moment où mon escadre du Ferrol joindra l'escadre qui débloquera le Ferrol, l'escadre espagnole la joigne aussi, mais sans une heure de retard; que si, après m'avoir promis que cela sera fait, cela ne l'était pas, mes opérations seraient compromises, et il s'attirerait autant de haine et de mépris qu'il s'acquerra d'estime en se conduisant différemment; que, quant aux vivres, les vaisseaux doivent avoir leurs quatre mois d'eau et être approvisionnés de six mois de vivres en tous les objets que fournit l'Espagne; qu'il faut le plus de biscuit possible, mais que, quant à ce qui pourrait en manquer, les autres vaisseaux de mes escadres y pourvoiraient; qu'il faut en avoir cependant au moins pour six semaines, pour vivre en cas de séparation, et jusqu'à ce que les vaisseaux aient pu faire les revirements, car mon intention n'est pas que mes escadres entrent ni à Cadix ni au Ferrol; la jonction devra se faire étant à la voile; qu'il est nécessaire qu'il m'écrive une lettre dans laquelle ces dispositions seront contenues, et où il promette personnellement que tout sera prêt; que tout peut l'être au Ferrol s'il y a des matelots; que, pour avoir des matelots, il faut de l'argent; qu'il expédie donc des millions en poste; que c'est ainsi que j'ai créé des escadres et des flottilles.

Vous direz au prince de la Paix que vos instructions portent que vous devez essayer pendant quinze jours les moyens de négociations et de douceur, et que, si le Portugal se refuse à fermer ses ports à l'Angleterre, à mettre embargo sur les bâtiments anglais, à confisquer les marchandises anglaises, les deux ambassadeurs doivent partir simultanément; la guerre sera déclarée immédiatement au Portugal, et les propriétés et biens appartenant au Portugal seront immédiatement confisqués dans les deux États; qu'alors je fournirai, avant l'automne, les forces que l'Espagne voudra, et nous nous emparerons du Portugal.

Ajoutez à tout ceci qu'il est nécessaire que le roi d'Espagne, cinq jours après votre arrivée à Lisbonne, écrive une lettre au prince régent pour lui demander de faire cause commune avec la France et l'Espagne contre l'Angleterre.

Si la guerre avait lieu, vous êtes autorisé à vous entendre avec lui sur la destinée future du Portugal et sur ce qu'il conviendra d'en faire.

Après des objets d'une aussi haute importance, vous direz au prince de la Paix que je désire avoir un mémoire et des plans sur la Trinité, qui doivent exister dans les archives de l'Espagne, sur les moyens de s'en emparer. Cette expédition ne pourrait se faire qu'en septembre, après l'expédition dont il est question ci-dessus.

Vous lui direz aussi que le roi de Prusse m'a envoyé douze grands cordons de l'Aigle prussienne, pour distribuer aux personnes les plus considérables de France; que je verrais avec plaisir que le roi d'Espagne, de son propre mouvement, fit la même chose pour l'ordre de la Toison d'or; que vous êtes autorisé à vous entendre avec lui sur cet objet; que l'échange aurait lieu entre les deux souverains, et que j'enverrais la grande décoration de la Légion d'honneur pour le roi et les princes.

Vous lui direz que je vois avec plaisir les communications de M. Lacépède avec son agent à Paris, et que je vous ai chargé d'entendre tout ce qu'il aurait à me faire dire, soit personnel, soit dans l'intérêt de l'Espagne.

Vous lui laisserez entendre que, si tout marche comme j'ai lieu d'espérer, et qu'un concert parfait règne entre nous, il peut compter à jamais sur mon appui, et que, s'il lui prend envie de venir à Paris, il y jouira de beaucoup de considération; que je vous ai chargé, quoique à Lisbonne, de me transmettre ce qu'il aurait à me communiquer qui ne pourrait passer par mon ministre Beurnonville ou par les canaux ordinaires. Vous lui laisserez entrevoir que Beurnonville, qui jouit de ma confiance pour les affaires générales, ne l'a pas pour les affaires plus intimes. Enfin vous écouterez toutes ses communications, de quelque nature qu'elles puissent être; vous écrirez tout et me rendrez compte de tout.

Quand tout sera entamé et que vous commencerez à être intimes, dans la quatrième on cinquième conférence, vous glisserez quelque chose sur le sort futur de l'Espagne, et lui laisserez entrevoir combien l'influence de la fille de l'Autrichienne de Naples serait contraire à l'Espagne, si le roi d'Espagne mourait.

Vous resterez huit jours en Espagne, vous m'expédierez un courrier. Vous ne laisserez point voir au général Beurnonville que vous êtes chargé d'aucune communication auprès du prince de la Paix, et vous ne remettrez ma lettre au roi d'Espagne que par le prince de la Paix. Du reste, vous serez poli avec lui et bon camarade, sans cependant lui laisser prendre sur vous aucun empire ni aucune espèce de ton. Si les dépêches que vous m'expédierez exigent réponse, je vous répondrai, et vous direz au prince de la Paix que vous serez chargé de lui faire connaître ma réponse de Lisbonne.

Vous ajouterez au prince de la Paix que j'ai le projet de lui faire un présent pour lui montrer mon estime; que j'attends que les escadres espagnoles aient fait quelque chose pour lui en attribuer la gloire et lui donner un témoignage public de mon estime.

Napoléon

 

Fonte:
Correspondence de Napoléon Ier, Tome X , 
Paris, Imprimerie Impériale, 1862
págs. 200-204

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